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Ne mea octe
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Ne mea octe
13 octobre 2008

Episode 4

    La fillette entre dans le hall de l'hôtel. Habillée à la dernière mode des gosses de nobles de la cité, elle va d'un pas léger vers l'escalier, salue poliment d'un sourire un employé tout en lui montrant une paire de clés, puis gravit les marches en prenant garde de soulever le drapé de sa cape pour ne pas trébucher. Des centaines de clients passent ici tout le temps, d'aucun n'aurait songé à se méfier d'une enfant.
    Leya se dirige vers une chambre du douzième étage, celle d'un homme d'affaire actuellement en rendez-vous avec Adam. Une fois arrivée elle insère la carte magnétique dans le lecteur, entre et, la porte refermée, ouvre la baie vitrée et sort de sa cape l'équipement qui y est caché.

    Sur l'immeuble opposé, un pied posé sur l'acrotère, Mya attend le signal de sa coéquipière. Le dispositif est prêt, la fenêtre vient de s'ouvrir. Elle dégaine son lance-grappin puis tire. Leya réceptionne le crochet qu'elle fixe au cadre de la baie. De son côté Mya tend le câble sur lequel elle va s'accrocher. Quelques secondes suffisent à la traversée.

    Les voilà réunies. L'étape suivante, la plus complexe, consiste à escalader la façade pour rejoindre la suite, d'y entrer et d'y dérober le boîtier commandant l'ouverture de la voiture garée quelques étages plus bas. Heureusement dans ces niveaux il n'y a pas de caméras, en raison de la nature de leurs occupants. Mya enclenche les crans de ses gants, recharge son lance-grappin et se ceint d'une corde. Avant de sortir elle se retourne vers Leya, lui sourit, lui prend la main, puis rabat la visière de son casque.

    Elle remonte la gouttière, s'agrippe à une corniche, glisse, se retient, pousse un cri silencieux en sentant frémir les os de son bras, longe le rebord, lance des regards pour s'assurer qu'à tout hasard personne ne soit là, accroche la corde et en se balançant gagne la terrasse de la suite. Mya hoche la tête pour saluer sa réussite. Immédiatement elle saisit une charge sonique qu'elle arme et place sur la vitre. Un vrombissement s'entend et le verre se fend. Elle prend la poignée de la charge, tire et entre. Le boîtier est là quelque part caché. Minutieusement elle vérifie les fonds de tiroirs et les placards, sans rien y trouver. Elle se décide à allumer le détecteur de métal de son gantelet, qui en clignotant lui signale la présence d'acier dans l'un des pieds du lit. Mya retire le cache et saisit l'objet. "La frousse des employés sans doute", se dit-elle. Un dernier coup d'oeil et la voilà repartie.
    Quelques acrobaties plus tard elle rejoint son point de départ. Elle relève sa visière et jette le butin dans les mains de l'enfant en souriant. "À toi de jouer..."

    Leya attend que Mya soit remonté, range son équipement, remet sa cape et redescend. Dans le hall quelqu'un la bouscule, faisant tomber le boîtier. L'homme le ramasse, s'excuse et, posant sa main sur l'épaule de la fillette, le met dans sa poche. Leya sort du bâtiment, descend paisiblement l'avenue en marchant, puis tourne dans une rue. Elle monte dans le camion, salue en silence Mike, Aldo et Ed, et s'assoit en face de Mya.

    Tony monte dans l'ascenseur, et, s'assurant de ne pas être vu, sort la carte crackée par Ed et la passe devant le lecteur qui valide l'accès. Les portes s'ouvrent. Au bout du parking l'antigrav l'attend, flambant neuf. Il passe devant les gardes, à qui il adresse un bonjour des plus excessifs, et se servant du boîtier démarre le véhicule. Il prend une inspiration, laisse tomber une rose jaune au sol, monte à bord, accélère jusqu'au poste des gardes qui ouvrent la porte. Joffrey, l'un des gardes, le regarde. Il ne se rappelle pas ce visage bien que, se dit-il, beaucoup ne sont que de passage. Cela dit le conducteur d'une voiture pareille ne s'oublie pas, et ce n'est pas celui-là. Un chauffeur peut-être qu'il ne connaîtrait pas. Ou alors le fiston?
    Tandis qu'il réfléchit, Tony sourit puis accélère brutalement et sort en trombe du parking. Il slalome entre les voitures puis disparaît dans une ruelle. La remorque du camion s'ouvre et déploie des rails, sur lesquels Tony s'appuie. Ne reste qu'à fuir discrètement pour que l'opération soit réussie.

    Une fois l'antigrav garé dans la planque, chacun regagne la sienne. Sur le chemin Mya passe à côté de Leya. Elle stoppe sa Bliksem GT et lui demande de monter. Leya hésite, fait un pas, recule, puis se décide à grimper.
    Tout en s'allumant une clope, Mya redémarre.

    - Où est-ce que je te dépose?
    - ...
    - Hm... tu m'entends?
    - ...
    - Tu n'aimes pas parler toi hein?
    - ...
    - Vous habitez chez vos parents? dit-elle en plaisantant.
    - Je n'ai pas de parents.
    - Merde... désolée...

    Un blanc.

    - C'est arrivé comment?
    - ...
    - Ok... je ne veux pas t'obliger à quoi que ce soit, mais si tu ne veux pas dormir chez moi, vaudrait mieux que tu me dises où tu vis...
    - Chez toi ce sera très bien.

     Mya ne sait plus quoi penser. Un ange? Une fée? Qu'est-ce que ce bout de petite fille fait dans un monde pareil? Et pourquoi s'intéresse-t-elle à elle? Sa présence lui paraît naturelle. Elle n'est pas de trop. C'est presque comme si elle avait toujours été là. Et si c'était elle la main invisible, le dernier rempart qui la sépare de la mort? Et si c'était elle qu'elle attendait?
    Sa fée, son ange, sa vérité.

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